[Studio de l'Hacienda (Jean Gamet, propriétaire)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0901 FIGRPTP1550A 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 9,5 x 14 cm (épr.)
historique Un studio d'enregistrement professionnel top niveau, 24 pistes et 32 voix, à Tarare, ça parait à peu près aussi incongru que des bananiers dans le plat pays ou un igloo en Côte d'Ivoire. A chacun sa spécialité : quand on a un disque à enregistrer, on a le réflexe Londres, Memphis ou Nashville-Tennesee, pas Tarare. Et il y a effectivement très peu de raisons que les stars du show-biz délaissent leurs habitudes souvent vieilles comme leur premier 45 tours pour se tourner vers la capitale de la mousseline. Mais les autres ? Toutes les étoiles qui ne sont pas encore nées, et qui y croient dur comme fer ? Elles aussi ont droit à l'amour du travail bien fait, et c'est pour ça que le studio de l'Hacienda existe... Tout commence dans les sixties, et comme un conte de fées : trois jeunes garçons de Tarare, trois frères, découvrent Buddy Holly, Cliff Richards, Chuck Berry, et s'achètent une guitare. Nourris au rock'n roll, Pierre, Bruno et Jean Gamet s'empiffrent du répertoire des Beatles, montent un orchestre, créent un club genre mini-golf (Drouot, évidemment), et jouent comme ça pendant dix ans : un bail ! Et puis la famille se disperse pour cause de carrière : Pierre choisit l'I.D.H.E.C. (Institut des hautes études cinématographiques) et devient l'un des ingénieurs du son-cinéma les plus doués de sa génération (il a décroché un César pour le son de "Clair de Femme", a été nominé plusieurs fois et s'est vu souffler le dernier, celui pour lequel il a fait "Jean de Florette" au profit de son confrère de "Autour de Minuit"). Bruno reprend l'affaire familiale, la très respectable imprimerie Barlerin et Jean le seconde, tout en ne lâchant pas le virus de la musique. L'ex-batteur de l'Hacienda Rocking Band persiste et signe plusieurs musiques, et les chante sur son piano. Il envoie la cassette par-ci par-là, elle tombe dans des oreilles amicales (Chedid, Balavoine...) et le voilà qui sort son "Danseur de slow" chez C.B.S. et qui le chante sur le plateau de Maritle et Gilbert Carpentier. Nous sommes en 1979. Bon début. Grâce au frère ainé, celui qui est dans le cinéma, il fait connaissance avec Gérard Klein qui "matraque" tous les matins, à 11 heures, et pendant cinq mois sur France-Inter, le nouveau disque de Jean Gamet, "Le long du garde-fou". Mais s'écouter dans le poste ne lui suffit pas. Et puis monter à Paris pour enregistrer sept minutes de chansons ne l'arrange pas. Il décide alors, toujours avec ses frères - on est très famille, chez les Gamet - de créer un studio d'enregistrement, un vrai, un professionnel. Une ancienne fruiterie, toujours à Tarare - on est aussi très "port d'attache"... - fera très bien l'affaire : de bons murs de pierre, un cadre tranquille, une étude de marché (maison, c'est-à-dire fraternel), un budget prévisionnel, une étude acoustique approfondie, de bons artisans et le tour est joué : une cabine de prise de sons de 30 mètres carrés avec console 24 pistes, un studio de 70 mètres carrés et tout le matériel de pro. Jean Gamet se régale. A 40 ans, il a l'oeil qui pétille et essouffle à force d'idées et de dynamisme. Des groupes de jazz sont déjà venus enregistrer leur album chez lui, et puis des auteurs-compositeurs-Interprètes. A tout seigneur, tout honneur : il a aussi enregistré son nouvel album, "Emotions", sous son nouveau et propre label "Hacienda", qui produira, sans doute, deux ou trois musiciens par an. Un album drôlement chatoyant à l'oreille, qui blues comme Ray Charles, qui rock comme le King et qui swingue comme Jonasz : un melting-pot musical très réussi. Source : "A Tarare Tennessee : un studio comme là-bas et un label de disques" / Françoise Monnet in Lyon Matin, 28 avril 1987.
note bibliographique [En ligne] : http://www.jeangamet.fr/ (consulté le 12-06-2018).

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